rôle de la poésie
Etymologiquement, la poésie est invention (le verbe grec poiéin signifie créer). Le rôle de la poésie est d’évoquer la réalité de façon créatrice, d’interpréter le réel ou de faire naître un univers qui lui est propre, à travers le langage. Elle dispose pour cela de formes spécifiques qui l’éloignent, ou parfois la rapprochent de la prose.
La transcription du réel
La poésie peut transcrire le réel en le décrivant à la manière d’un tableau, selon la conception d’Horace (poète latin du Ier siècle avant JC, auteur de la formule « Ut pictura poesis »). Cette peinture de la réalité est sensible par exemple dans les Fables de La Fontaine, qui décrivent de façon critique la société du XVIIe siècle, mais aussi par exemple dans les poèmes politiques de Hugo (« Melancholia » sur le travail des enfants).
La réalité devient « poétique » à travers un langage particulier et divers procédés d’écriture (figures de style et procédés phoniques ou rythmiques). La réalité est parfois plus suggérée que décrite. La poésie met alors en jeu la sensibilité et l’imagination pour révéler des réalités cachées. La poésie symboliste cherche à déchiffrer l’essence de la réalité à travers les apparences, par le jeu des correspondances, des analogies, des rapprochements (cf sonnet IV des FDM : « Correspondances »). Cette suggestion, sorte de « sorcellerie évocatoire »1, peut conduire à l’hermétisme. Mallarmé, par exemple, indique qu’ « il doit avoir toujours énigme en poésie ».
A partir de l’évocation du réel, la poésie peut aussi chercher à émouvoir la sensibilité du lecteur. Toute poésie engagée a cette mission.
Par ces trois vocations, la poésie reste en relation avec la réalité extérieure, qu’elle déchiffre et présente sous une forme inattendue, qui s’adresse plus à la sensibilité qu’à la réflexion.
La poésie a aussi pour mission la transcription du monde intérieur. Elle permet en effet au poète de mettre en forme les sentiments qu’il éprouve : ceux qui ont