Le thème de l’éducation La lettre de Gargantua à Pantagruel apparaît comme un chant vibrant à la gloire de la Renaissance, appréhendée surtout sous le rapport d’une mutation, du passage d’une époque dominée par l’obscurantisme à la clarté du temps présent. La culture n’est plus l’apanage d’un petit nombre de doctes, elle appartient à tous. Derrière l’exagération gigantale et l’emportement d’une verve qui envahit même les passages « sérieux » il y a une croyance en une élévation générale du niveau des connaissances, en un élargissement considérable du public cultivé; l’invention de l’imprimerie qui permettait enfin la diffusion des textes justifiait cette euphorie. L’auteur de Gargantua adhère à son époque et célèbre des temps nouveaux. Il oppose au passé, au monde médiéval, un présent chargé de promesses. Gargantua et Pantagruel forment, par les principes qui y sont exposés, un roman pédagogique. Rabelais a le souci de remplacer l’éducation traditionnelle ; il raille les méthodes scolastiques, leur formalisme et la paresse d’esprit qu’elles entraînent. Il montre que les études médiévales sont strictement livresques et développent la mémoire mécanique, tout en comprimant l’intelligence. Rabelais exige en échange une profonde connaissance de l’antiquité, car il croit que l’on peut découvrir la vérité morale chez Platon, la vérité juridique dans le droit romain, la vérité religieuse dans les Evangiles et la vérité scientifique chez les mathématiciens, les médecins et les naturalistes grecs et latins. Il veut également une connaissance étendue de la vie pratique. L’élève doit découvrir lui-même l’activité des artisans, « l’industrie et les inventions des métiers » (Gargantua, 24) Il faut donc découvrir les applications des sciences à travers les réalités qui les illustrent. Cette lettre semble englober le monde. Selon Rabelais, c’est par l’éducation, la science et la connaissance que l’homme peut dominer le monde. Aussi assiste-t-on a la naissance d’un