Rapport de correction
2445 candidats ayant composé, la moyenne s’est établie à 8,10. Parmi les copies qui ont mérité des notes excellentes (ou presque), deux ont fait preuve d’une hardiesse qu’il faut saluer. L’une a examiné le texte sous la forme d’un dialogue philosophique tout en nuances. L’autre, dans le cadre d’un pastiche, d’une parodie des rapports de jury des années précédentes, a fustigé les erreurs d’interprétation – savoureuse anticipation du présent rapport. Mais que les candidats n’aillent surtout pas se méprendre ! Nous n’attendons pas d’eux d’acrobatiques exploits mais qu’ils analysent le texte avec finesse et rigueur, et ils doivent être conscients qu’il est des prises de risque qui mènent à la catastrophe.
La formule d’André Gide – « Et quoi que ce soit qu’on me raconte, je pense irrésistiblement que cela ne s’est pas passé comme ça » – a donné lieu à des contresens inattendus.
D’aucuns, y compris des étudiants de philosophie, ont fait de Gide un esprit cartésien et l’ont vu en proie au doute. Plusieurs de ses textes leur donnent raison, mais pas celui-ci. Gide n’a pas écrit : « Je me demande si… »
Son « je pense irrésistiblement », contradictoire voire aberrant, suggérait plutôt qu’il cédait à des réflexes irréfléchis, pulsions ou préjugés, qui n’avaient pas grand rapport avec le questionnement philosophique. N’aurait-il pas fait preuve de plus de lucidité en écrivant : « Et quoi que ce soit qu’on me raconte, je pense irrésistiblement qu’il doit y avoir du vrai là-dedans » ?
Beaucoup de candidats ont compris que Gide rejetait toute espèce de discours. « On raconte » n’a pourtant pas le même sens que « on démontre ».
Galilée n’était pas un conteur et Gide ne contestait pas sottement les travaux scientifiques. De même, rien ne permettait d’affirmer qu’il soupçonnait du mensonge partout. Mais les étudiants qui, sans nécessairement l’avoir lu, savaient tout de même que Gide avait