Rascal
La résurgence du Ku Klux Klan en 1920 est un phénomène que personne n’a totalement expliqué. Tout à coup, les villes du Middle West se sont retrouvées sous l’emprise de cette société secrète qui avait pour objectif d’éliminer de la société les Noirs et les Juifs. Dans le cas de villes comme Broken Bow, au Nebraska, qui ne comptait que deux familles noires et une juive, c’étaient les catholiques qui étaient visés. Les membres du Klan chuchotaient que le pape se préparait à prendre le pouvoir en Amérique, que les sous-sols des églises servaient d’arsenaux et qu’après la messe, nonnes et prêtres se livraient à des orgies. A présent que la Première Guerre mondiale était terminée et qu’on avait vaincu les Huns, les gens qui avaient besoin de quelqu’un à haïr trouvaient là une cible nouvelle.
A Broken Bow et dans Custer County, le message était embelli par la mystique de la société secrète masculine qui flattait le réflexe ""nous contre eux"" apparemment universel chez les hommes. Deux des individus qui prirent position contre le Klan étaient les banquiers de la ville : John Richardson et mon père, Y. B. Huffman. Quand un appel téléphonique leur recommanda de boycotter les catholiques, tous deux l’ignorèrent. Dans la mesure où les deux banques résistaient, les efforts du Klan n’aboutirent pas, mais ma mère, Martha, en paya le prix lorsque arriva l’élection du conseil d’administration de l’école. Elle subit une défaite décisive à la suite de commérages calomnieux lui prêtant une aventure avec le principal pharmacien.
Arriva le moment de la parade annuelle du Ku Klux Klan autour de la grand-place. Ses membres choisissaient toujours un samedi, quand la ville était encombrée d’éleveurs et de fermiers. Vêtus de robes blanches et masqués par leurs bonnets coniques avec des trous pour les yeux, ils défilaient afin de rappeler aux citoyens leur dignité et leur puissance, menés par un personnage impressionnant mais anonyme, le Grand Kleagle. Tout au long des