Raymond devos
La vie de Raymond Devos artiste est une histoire d’amour. Epris d’une étrange maîtresse qui se définit au masculin mais qui, pour lui, se lit, s’écoute, se déclame au féminin : les mots. Et cette romance qui, habituellement, aurait dû se vivre, comme toute romance, dans l’intimité d’une relation singulière, est devenue publique. Cette complicité du clown et des mots n’est pas sans fondement, chacun y trouvant un peu de réconfort, d’affection et d’exaltation. Petite histoire d’un couple devenu légendaire.
Les mots aiment Devos
Pas de philtre d’amour ni d’événement héroïque, juste une manière de dire, de raconter sur scène. La rencontre aurait pu vaciller, ne pas se faire. Mais les mots ont vite craqué sous le charme bientôt irrésistible du jeune homme admiratif des forains, du cirque et des spectacles de rue. Plus tard, à Bobino ou à l’Olympia, la bedaine rassurante, le costume bleu irrémédiablement attendrissant, les bretelles un peu clown et surtout les nuances subtiles dans la voix ont consolidé cette union. Une voix qui pouvait chuchoter sa fiancée - les mots - ou hurler avec hilarité sa passion. Cette manière aussi de se mouvoir sur scène, arrachant l’artiste à sa solitude, faisant du vide une occasion de réaliser le mouvement qui accompagne intelligemment le discours. Devos a eu le désir pour les mots et eux ont accepté son amour déclamé de mille façons.
Une maîtresse insaisissable
Et cet amour est absolu parce qu’infini. La singularité d’une bien-aimée telle que le Mot réside dans l’incapacité à la saisir, à la réduire, à la consommer. Son sens n’est jamais figé, ses harmonies insatiablement renouvelées. L’artiste belge aimait cette multitude d’identités alors il gâtait sa chérie, lui donnait tous les sens possibles, jouait des