Raymond queneau, si tu t'imagines
Né en 1903, Raymond Queneau a participé au mouvement surréaliste avant de s'orienter vers la recherche d'un langage romanesque libéré des conventions de l'écrit. Ses plus grands écrits sont Exercices de style et Zazie dans le métro paru en 1947 et 1959.
La problématique de ce poème est comment Queneau revisite-t-il un thème traditionnel ?
Nous verrons tout d'abord en quoi c'est un poème inscrit dans la tradition philosophique et littéraire puis nous étudierons la comparaison avec A Cassandre de Ronsard et enfin nous verrons comment Queneau tourne le dos à la tradition en adoptant un ton plus cru et une langue populaire.
I). Un poème dans la tradition philosophique et littéraire.
1). Le thème épicurien.
Le poème reprend un lien commun très ancien, emprunté au philosophe grec Epicure (IVème siècle avant J.C.) puis repris par le philosophe latin Lucrèce : il s'agit d'une réflexion sur la brièveté de la vie humaine avec pour conséquence le conseil de profiter de l'instant présent. Les Humanistes de la Renaissance ont à leur tour adopté la devise : « Carpe Diem », c'est à dire savoir profiter des moments fugaces de la vie.
Dans le poème, on retrouve le thème du temps qui passe trop vite, évoqué par la reprise insistante de la formule : « si tu crois qu'xa va durer durer toujours » (v.6 et 22). La fuite du temps est également au vers 27, « les beaux jours s'en vont ». Les vers suivants opposent en antithèse la permanence du temps cosmique (il est cyclique) à la finitude du temps humain (il est linéaire), « tu marches tout droit vers que tu ne vois pas », à savoir la vieillesse. Enfin, la phrase célèbre « Carpe Diem » est ici reprise par l'injonction : « cueille les roses de la vie ».
2). L'imitation de Ronsard.
A Cassandre est un des poèmes les plus connus en France ; il est étudié par pratiquement tous les collégiens ou lycéens. Une comparaison entre Ronsard et Queneau permet de mettre en évidence l'hommage rendu à l'illustre modèle.