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La débâcle des subprimes en 2007-2008 qui a précipité le monde dans la crise a révélé l’influence de la notation financière sur les marchés de capitaux, tout en mettant en évidence ses limites et sa nocivité. Le procès des agences de notation avance cinq critiques majeures : – la première concerne l’opacité des méthodes de notation : quelles sont les principales variables prises en compte pour juger de la solvabilité d’un Etat, d’une collectivité locale, d’une entreprise ou d’une banque ? – la deuxième porte sur le caractère oligopolistique du secteur de la notation, où trois entreprises accaparent la quasi-totalité du marché – la troisième concerne les conflits d’intérêt qui sont apparus au sein des agences en raison de leur mode de rémunération, puisque l’essentiel de leurs revenus provient des émetteurs de dette à qui les agences attribuent des notes : comment ne pas mettre en doute leur objectivité ? – une quatrième critique porte sur l’incapacité chronique des agences à anticiper les défaillances des emprunteurs, puisqu’à la veille du scandale Enron de 2001 comme de la crise des subprimes, plusieurs entreprises qui allaient tomber en cessation de paiement ou titres dont la valeur allait partir en fumée étaient considérés comme tout à fait solvables et sûrs – enfin, une fois les crises confirmées, les agences de notation montrent une tendance à surréagir, avec des abaissements de notation (particulièrement meurtriers, comme dans le cas de la crise de la dette souveraine que connaissent actuellement certains pays) décidés en pleine récession économique et dont la conséquence immédiate est d’aggraver encore une crise que par ailleurs elles ont été incapables de prévoir (on parle de rôle procyclique).
En réalité, les agences de notation ne posent pas de problème en soi, dans la mesure où elles ne sont qu'un rouage, indispensable certes, dans le fonctionnement des marchés financiers. A ce titre, les agences méritent d'être