Ma très chère Léonie, quand tu liras cette lettre je serais mort
Je ne pourrais de moins en moins répondre à tes lettres. Il me reste tellement peu de temps, il faut être à l’affût. Je ne me repose que 4 heures par jour mais je me fais réveiller toutes les heures par les bombardements ou par les heures de pointe. Dans le camp, nous éprouvons tous les mêmes souffrances. Nous vivons tous les paupières à moitié ouvert.
Je t'écris pour te dire que je ne reviendrai pas de la guerre. S'il te plaît, ne pleure pas, sois forte. Le dernier assaut m'a coûté mon pied gauche et ma blessure s'est infectée. Les médecins disent qu'il ne me reste que quelques jours à vivre. Quand cette lettre te parviendra, je serai peut-être déjà mort. Je vais te raconter comment j'ai été blessé. Il y a cinq jours, nos commandants nous ont ordonné d'attaquer. Ce fut une boucherie absolument inutile. Au début, nous étions trente mille. Après avoir passé les barbelés, nous n'étions plus que vingt mille environ. C'est à ce moment-là que je fus touché. Un obus tomba pas très loin de moi et un morceau m'arracha le pied gauche. Mon ami Jean Pagnol, fut touché et il fit affreusement blessée, au bout de deux jours, il mourrait. Je perdis connaissance et je me réveillai que deux jours plus tard, dans une tente d'infirmerie. Plus tard, j'appris que parmi les trente mille soldats qui étaient partis à l'assaut, seuls cinq mille avaient pu survivre grâce à un retrait demandé par le Général Bison.
Je subis deux opérations et je pus enfin m’en sortir.
De retour à l’assaut, je repris ma place autour de tous ces hommes tellement blasé, épuisé, mort devant cette bataille interminable. De nuit des Allemands se sont amenés dans la tranchée, m'ont fait prisonnier avec deux autres camarades. J'ai profité d'un moment de bousculade pour m'échapper des mains des Allemands. Mais on m’a repris pour cause de renoncement a mon poste. Je passe donc en conseil jeudi .J’ai été condamné à passer en conseil de guerre