Refus global Le Devoir
Refus Global:
Même si de multiples textes, conférences, lettres défendent et illustrent sa peinture et sa pensée, Borduas écrivain reste avant tout associé à cette haletante démonstration qu'est Refus global.
Pour un dollar, un cahier ronéotypé est mis en vente à la Librairie Tranquille le 9 août 1948. «Mytra-Mythe, me confiait Maurice Perron. Avec Claude Gauvreau, nous avions trouvé ce nom pour la maison d'édition que nous avions formée afin de publier par procédé miméographique le texte de Borduas. Le travail s'est fait chez les Gauvreau. Nous nous sommes partagé la frappe. Nous avons loué une Gestetner servant à l'époque à la reproduction des documents de bureau. Tout le monde s'est cotisé. C'étaient des petits fascicules non reliés. On a tiré 400 exemplaires.»
Le document est plié et assemblé à la main. Quelques peintures et des photos sont reproduites à l'intérieur. En noir, blanc, gris et rouge, la pochette — dessinée par Riopelle — est ceinturée d'un bandeau de papier retenant feuillets et cahiers mobiles.
Sur 15 pages
Refus global. En 15 pages, le pamphlet de Paul-Émile Borduas donne son titre à l'ensemble de la brochure. Jeté à la collectivité, ce discours provocant englobe le passé. Il se projette dans l'avenir. Vibrant, son style harponne la cible avec une série de formules aiguisées. Le ton est à la fois lyrique et déclamatoire, ampoulé et subversif, sermonnant et visionnaire. Le premier acte du manifeste de Borduas s'ouvre sur une fureur destructrice. Appel au dépassement, le deuxième acte se clôt, en finale, sur une exhortation et une adresse agissant sur le désir et le devenir collectifs.
Borduas y présente d'abord le destin d'un «petit peuple serré aux soutanes seules dépositaires du savoir» emmailloté dans une idéologie réactionnaire agonisante, mais pourtant omniprésente. Selon Borduas, le «blocus spirituel» qui maintenait soudée cette société a failli à sa tâche. Cause de décadence, le