Relation sino-taiwanaise
Pourquoi se pencher une nouvelle fois sur la question du Détroit de Taiwan alors même que tout semble calme dans cette région du monde ? Certes, le détroit a été depuis 1949 le théâtre de nombreux affrontements entre les autorités de la République de Chine (Taiwan) et celles de la République populaire de Chine, au nom d’une souveraineté que chacune des deux parties affirme être légitime, au risque parfois de glisser vers un conflit ouvert, comme ce fut le cas, entre autres, lors de la crise des missiles de 1995-1996[i]. Mais en 2006, quels sont les risques alors que chacun exprime sa volonté pacifique et semble se concentrer sur son développement économique, dans un cadre international de plus en plus prégnant ?
En réalité, Taiwan vit sous la menace permanente de la République populaire de Chine, désireuse de réussir la réunification à tout prix. Or les Taiwanais ont réussi à créer une entité bien distincte de la Chine continentale, tant sur le plan diplomatique, que politique ou économique, et dont l’existence sur la scène internationale ne peut être remise en cause. Cette situation particulière rend toute solution de règlement de la question de la réunification très difficile, au moment même où la Chine entend retrouver la place sur la scène internationale.
Alors que la Chine entend affirmer sa puissance économique, politique et militaire, la question taiwanaise prend pour elle une importance plus cruciale que jamais. En effet, Taiwan apparaît comme la clef qui pourrait permettre aux dirigeants chinois de relever les défis intérieurs et extérieurs auxquels ils doivent faire face aujourd’hui, par le biais de la résolution, pacifique ou non, de la question de l’indépendance.
Dans ce cadre, les dirigeants chinois se doivent de relever un double défi face à une possible déclaration d’indépendance : donner à son armée les moyens d’agir, tout en la contraignant à attendre le bon moment, et apparaître comme une puissance responsable et pacifique