Religion
Nous suivrons encore ici la perspective kantienne. Kant distingue le droit et la morale comme relevant de deux législations : " la législation éthique ( quand bien même les devoirs pourraient être extérieurs ) est celle qui ne saurait être extérieure ; la législation juridique est celle qui peut aussi être extérieure. Ainsi c'est un devoir extérieur de tenir la promesse donnée dans un contrat ; mais le commandement d'agir ainsi uniquement parce que c'est un devoir sans tenir compte d'un autre mobile n'appartient qu'à la législation intérieure " ( Kant, Doctrine du droit, III, p.94 ). La législation morale est dite intérieure pour cette raison qu'elle nous est connue dans l'intériorité de la conscience. C'est pour cela que même une mauvaise intention, sans qu'une action s'ensuive, est déjà moralement répréhensible. À l'évidence, il n'en va pas ainsi du point de vue du droit. Si le droit fait l'objet d'une législation extérieure, c'est parce qu'il concerne le rapport externe entre deux individus considérés comme libres et détermine si l'action de l'un s'accorde avec la liberté de l'autre. Il ne s'agit pas alors de savoir si l'action est faite par devoir, mais seulement si elle est conforme au devoir.
Quel est le devoir du point de vue du droit ? Il est qualifié par la loi universelle du droit : " Agis extérieurement de telle sorte que le libre usage de ton arbitre ( = faculté d'agir en fonction d'un choix réfléchi ) puisse coexister avec la liberté de tout un chacun suivant une loi universelle " ( Doctrine du