Renault et sa production
Imitation du modèle japonais ou voie spécifique?
Colloque franco-allemand
Philipps-Universität, Marburg
12-13 Octobre 1994
LE TRAVAIL EN GROUPE EN FRANCE
LE CAS RENAULT
Michel Freyssenet
CNRS, GERPISA, Paris
On observe en France un intérêt grandissant et une diffusion certaine du « travail en groupe ». Renault est certainement l’entreprise la plus avancée en ce domaine. Elle a décidé en 1991 de généraliser le travail en groupe sous la forme d’Unités Elémentaires de Travail, les UET. Fin 1994, ses 27 sites industriels européens sont organisés selon ce mode, aussi bien dans les ateliers de fabrication que dans les services et les bureaux 1.
Le travail en groupe est conçu par Renault, si l’on s’en tient à son discours officiel, comme un travail polyvalent et polyfonctionnel effectué par un groupe de 10 à 20 personnes.
L’Unité est définie par la pièce, l’organe, le sous-ensemble qu’il fabrique, ou le service qu’elle rend. Elle est animée par un chef d’Unité, qui constitue le premier niveau hiérarchique. Elle contrôle et analyse ses propres paramètres de production. Elle entretient des rapports clients-fournisseurs avec les autres groupes dont elle dépend en amont et en aval du processus de production. Il est attendu de cette forme d’organisation du travail une réactivité aux problèmes, une amélioration de la qualité du produit et du fonctionnement des machines, une plus grande flexibilité de la production, un développement des compétences, un intérêt accru du travail, enfin une modification des rapports hiérarchiques.
1 Ce texte est une version modifiée et développée d’une communication intitulée « La genèse du travail en groupe chez Renault », et présentée à la réunion internationale du groupe de travail « Rapport salarial » du GERPISA réseau international (Lower Slaughter, GB, 24-26 Février 1994). Elle est à paraître début 1995 en anglais sous le titre « The