Rencontre avec didier daeninckx
Dans « Mourir n’est peut-être pas la pire des choses », Pascal Dessaint a écrit « Tu commences à écrire, tu as la fraîcheur, la spontanéité, c’est ton essence, toute ta richesse, tu ne le sais même pas... et puis tu acquiers du métier, et tu y perds, tu y perds ton âme... Tu aurais pu tout simplement laisser tomber....Ouais... mais peut-être... peut-être que la chose était pour moi plus importante que je ne le croyais, et qu’il fallait que j’en crève, mais que je n’en avais pas le courage... ».
Avez-vous jamais ressenti cette peur d’avoir trop de métier, de savoir trop bien ficeler un roman ? Avez-vous jamais pensé arrêter d’écrire, pas forcément pour toujours mais parce que vous en aviez assez, ou pour faire autre chose ?
Didier Daeninckx : Non, je n’ai jamais eu cette impression d’avoir "trop de métier", peut-être, tout simplement parce que je ne considère pas l’écriture comme un métier. J’ai même le sentiment, souvent, qu’écrire sert à désapprendre, à se libérer des pensées toutes faites, des réflexes uniformes. Le personnage que fait parler Pascal Dessaint évoque "la fraîcheur, la spontanéité". J’écris principalement sur ce qui me pose problème, sur les choses que je ne parviens pas à comprendre, et mes personnages sont comme des éclaireurs qui avancent en contrée ennemie. Le moteur de mes fictions est la colère, l’injustice toujours endémique, toujours recommencée. La hargne est la même qu’au premier jour.
Quand je trace cette phrase, dans "La mort en dédicace", je définis le