Dès les premiers mots du texte, le mot “sensations” apparaît. Or les sentiments confus de René naissent des sensations éprouvées, ainsi tout au long de la page, le champ lexical des sens est exploité, surtout d’ailleurs l’ouïe et la vue. L’accord est d’abord musical entre l’homme et la nature, même s’il est imparfait. L’ouïe : “Les sons...murmure...font entendre...dans le silence...” “J’écoutais ses chants mélancoliques...” “Notre coeur est un instrument incomplet...aux soupirs” “...le jonc flétri murmurait...” “...une voix du ciel semblait me dire....” les discours rapportés “...le vent sifflant dans ma chevelure....” La vue : “...que je voyais réchauffer ses mains...” “...a souvent attiré mes regards... j’ai suivi des yeux...” Toutes les notations visuelles de la nature de la vision d’ensemble au détail qui montrent que la nature comme l’homme est malmenée (“une feuille séchée que le vent chassait... la mousse qui tremblait au souffle du Nord”). Outre l’évocation des sensations auditives et visuelles, les éléments naturels (eau, terre, air) sont évoqués voire invoqués : les vents, les eaux, les nuages, la terre. Quant au feu, il provient de l’activité humaine ou des passions intérieures (“visage enflammé”). La saison choisie étant celle du froid et des tempêtes assimilable aux troubles du coeur et de l‘esprit ! Les sensations se produisent lors de “promenades” dans la nature (cf. Les rêveries du promeneur solitaire de Rousseau) et sont associées aux verbes de déplacement, de l’errance, à l’égarement, pour finir par la marche “à grands pas” où les sensations tactiles sont abolies pour laisser place à “l’enchantement” du coeur, comme si René savait enfin le but de “son voyage”. De là naissent les sentiments : d’abord “les passions dans le vide d’un coeur solitaire”, le “ravissement” du mois des tempêtes, les désirs contradictoires de voyage ou de sédentarité : “Tantôt j’aurais voulu être un de ces guerriers...tantôt