Rene magritte
PETIT ESSAI DE PSYCHANALYSE APPLIQUEE
Jacques ROISIN
Je suis venu ici sur l'invitation de Jean Kinable, pour vous parler de mon travail concernant le peintre René Magritte. Je peux dire qu'il a été une passion de ma vie : j'ai consacré à ce travail plusieurs années de mon temps libre. Il s'agissait — je l'ai souligné avec insistance auprès de Jean Kinable — d'une véritable enquête biographique, à la recherche de ce que fut la vie du peintre depuis sa naissance (le 21 novembre 1898) jusqu'au moment de sa révélation dite "surréaliste" (dans le courant de l'année 1926). Pour des raisons diverses le récit de cette enquête, terminée il y a 5 ans, n'a jamais été publié. A deux reprises seulement, je me suis penché sur le matériel collecté dans un abord psychanalytique — c'était en vue de communications auprès de mes collègues de l'Association Freudienne, il y a plusieurs années déjà. Ce sont ces notes que j'ai entièrement retravaillées à votre intention. Vous prendrez donc les propositions que je vous adresse pour ce qu'elles sont : des hypothèses de travail non entièrement exploitées, et vous voudrez bien m'excuser de ce fait pour le caractère brouillon de certains moments de mon intervention. Si l'on veut malgré tout me trouver quelque mérite, j'espère que ce sera celui d'avoir tenté des pistes nouvelles dans l'interrogation psychanalytique d'une oeuvre peinte. C'est en effet par un petit exercice de psychanalyse appliquée que je réponds à l'invitation qui m'a été faite.
Une croyance s'est propagée chez les amateurs de la peinture de Magritte. Selon celle-ci, le suicide de sa mère (survenu le 23 février 1912 à Châtelet ) serait la cause du fait qu'il devint peintre. Les tableaux Les Rêveries d'un promeneur solitaire et Les Eaux profondes évoqueraient cet événement tragique. Peut-être comprendrez-vous la source de cette croyance après m'avoir entendu. Elle est avant tout pour moi l'occasion de