Repenser les Relations Nord Sud
Cinquante ans après la constitution du groupe des 77 et plus de trente ans suivant la publication du rapport Brandt, une réévaluation des relations Nord Sud à la lumière du contexte actuel s’impose. À cet égard, il est d’avis que l’analyse proposée par la commission Brandt doit être remise en question en raison de sa définition homogène et statocentrée des concepts de Nord et de Sud, ainsi que de l’orientation purement économique du discours de l’interdépendance et des solutions proposées. La politique se définit d’abord et avant tout par son discours. Le choix des mots, ainsi que la définition des concepts sont chargés de sens, dépeignant la vision du monde qui prévaut au moment de l’écriture. Ainsi, trente ans après la rédaction du rapport Brandt, la terminologie des relations Nord Sud telle que présentée n’est plus d’actualité. En effet, un nombre croissant d’auteurs remettent en question la définition du Nord et du Sud dans le contexte de la mondialisation, présentement plus poussée qu’elle ne l’était dans les années 1980 (Cox 1996; Freidman 2005; Payne 2006; Puchala 1971). De fait, la commission Brandt définit le Nord comme l’ensemble des pays riches et développés et le Sud comme l’ensemble des pays pauvres et en voie de développement (Brandt 1980, 55), rompant avec la conception hémisphérique des termes en incluant, par exemple, l’Australie aux pays du Nord. Cette définition dichotomique prétendant à une homogénéité des deux groupes est, de fait, aisément contestable.
D’une part, considérant la multiplicité des histoires politiques, des conditions socioéconomiques et des divergences culturelles propres à chaque État, il semble trop simpliste d’aspirer à rendre compte de la situation de 197 pays –154 à la rédaction du rapport (Nations Unies 2008)— en deux seules catégories. Le spécialiste de l’économie internationale et des politiques du développement, Tony Payne (2005), estime que le monde