Repenser l'inégalité
Repenser l’inégalité
Un rapide survol
Il est largement admis que la croissance économique est un puissant moteur pour réduire la pauvreté. Cependant, il se peut que dans certains pays les bénéfices de la croissance soient réduits ou annihilés par l'accroissement des inégalités pouvant accompagner la croissance. En effet, de nombreux facteurs qui sont considérés par la littérature comme affectant la croissance économique, tels que la stabilité macroéconomique, l'ouverture au commerce international, l'importance des dépenses publiques, les règles de droit ou le développement financier, peuvent également influencer, dans un sens ou dans un autre, la part du revenu des pauvres dans le revenu national.
Croissance, équité et pauvreté, trois mots magiques que l'on peut conjuguer tour à tour au plan international, au plan national, au plan régional ou à celui des individus. C'est en résumé l'expression des nouveaux défis qui se posent aux chercheurs, aux décideurs, aux individus, aux collectivités et à la société civile toute entière Ce qui fait le prix de la démarche d'Amartya Sen, c'est sa capacité à naviguer dans les sphères théoriques, sans jamais perdre de vue la réalité du monde en matière de pauvreté et d'inégalités. Une caractéristique qui n'est sans doute pas sans rapport avec son origine et son expérience de l'Inde.
Pour mettre fin à la pauvreté, il faut, selon Sen, un développement qui reconnaisse les capacités (capabilités) des individus, définies comme la liberté d’utiliser leurs biens matériels et immatériels afin de choisir leur mode de vie.
Amartya Sen établit par ailleurs un constat tout simple, mais de grande portée: le débat égalité ou liberté n'a pas de sens. Le débat entre égalitaristes et ultralibéraux porte en fait sur le choix entre deux types d'égalités: celle des revenus ou celle de la capacité d'utiliser librement ses revenus. "Toute théorie éthique, plausible et défendable de l'organisation sociale tend à exiger l'égalité