Restructurer l'habitat precaire : recit des meilleurs pratiques
Agnès Deboulet
En lieu et place de la démolition, la réhabilitation et la sécurisation foncière
favoriseraient l’insertion de la métropole sur des marchés immobiliers internationaux (Huchzermeyer et Karam, 2006). Dans cette perspective, l’amélioration des conditions de vie des habitants de quartiers précaires s’inscrit, depuis la conférence Habitat II, sur l’agenda de nombreux pays et instances de décision internationales. C’est dans ce contexte qu’il faut appréhender certains projets médiatisés par les institutions internationales. Systématisée par la CNUEH 1 en 1997, la labellisation de projets urbains et de procédures en termes de « best practices » vise à développer leur circulation et leur diffusion. Le critère d’innovation s’applique autant aux procédés qu’aux résultats, évalués à l’aune de leur capacité à répondre à des besoins sociaux et à influer sur la définition des politiques (Khor et Li Lin, 2001). Les fiches descriptives de ces projets valo-
Agnès Deboulet, Sociologue, École d’Architecture de Paris La Villette, et IPRAUS (Paris). Agnesdeboulet@orange.fr 1. Commission des Nations Unies pour les établissements humains.
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risent les objectifs énoncés du programme et les modes opératoires énoncés. Notre approche se propose en revanche d’esquisser une réflexion sur leur impact urbain à travers l’analyse de l’engagement des acteurs et de la réception par les bénéficiaires de deux types de projets distingués par la CNUEH. Nous nous attachons en premier lieu à décrypter une nouvelle procédure de restructuration de bidonvilles développée à Mumbaï (ex-Bombay). Alors que la régularisation de quartiers non réglementaires semble en panne, la procédure dite de Slum Redevelopement (SR) propose des moyens d’encadrer la résorption de l’habitat précaire. Le SR se distingue par la volonté d’impliquer habitants des bidonvilles et promoteurs autour de projets