Commentaire du poème « Oradour », de Jean Tardieu. Jean Tardieu né en 1903 et mort en 1995, a parcouru le XXème siècle et rend compte dans ses poèmes de ses expériences, parfois douloureuses. Dans « Oradour » extrait de son recueil jours pétrifiés, (1947), long poème de huit strophes composées d’heptasyllabes, il hurle son horreur devant le massacre d’Oradour- sur- Glane, perpétré par une division SS le 10 juin 1944 . Ce texte est consacré à un épisode particulièrement sanglant de l’occupation allemande en France, La destruction D’Oradour- sur -Glane par une division SS, or ce poème se présente comme un inventaire des pertes subies et non comme une description organisée. On peut dès lors se demander quel est l'enjeu de ce témoignage. Dans un premier temps, nous verrons la façon dont le poète évoque le massacre puis nous analyserons l'engagement de Tardieu : ses sentiments ainsi que le rôle qu'il s'octroie. I. Le tableau du désastre. A- Décrire la mort : un village nié. 1) Leitmotiv de la négation : un village caractérisé par la mort et le néant. Anaphores « Oradour » = incantation. Village-martyre. Révélateur de l'inhumanité. Symbole de la perte « n'a plus » ainsi que de l'anéantissement « n'est plus ». Multiplication des négations (description « en creux ») : le poète joue sur les contrastes en faisant ressortir le bonheur passé face aux pertes présentes cf. les énumérations caractéristiques d'une vie de village (Fumée, vin, chansons). Le massacre atteint la population « Oradour n’a plus de femmes Oradour n’a plus un homme […] Oradour n’a plus d’enfants » 2) L'absence d'espoir et d'avenir. « Oradour n’a plus d’enfants » donc plus d’avenir, plus de possibilité de renaissance. Le poète insiste sur la jeunesse des victimes, on peut ainsi relever aux vers 6 et 35 « enfants » au vers 24 « petits enfants » et au vers 38 « fille », ce qui renforce l’idée que l’espoir d’une renaissance est impossible. Cette absence touche aussi toute trace de vie : vie humaine « pleurs »