Retraite
L’abord frontal de la question du financement des régimes de retraite du secteur public a été largement esquivé alors que le constat concernant les difficultés est posé depuis longtemps. Le constat a été dressé par la gauche au pouvoir et celle-ci, une fois revenue au gouvernement, n’a pas remis en question le passage à quarante ans de cotisation dans le privé effectué sous le gouvernement Balladur en 1993. Le financement des retraites du secteur public est une question d’autant plus sensible que l’implantation syndicale et la capacité de mobilisation y sont plus fortes. Le gouvernement a fait le choix de s’en tenir au système de répartition alors que les partisans des fonds de pension sont présents dans les rangs de sa majorité. Le projet de loi Fillon vise à augmenter les ressources et diminuer les dépenses de versement de pension par l’allongement de la durée de cotisation, en pariant sur une baisse du chômage et le retour de la croissance, ce qui ne va nullement de soi. Le parti socialiste propose, quant à lui, d’équilibrer les caisses de retraite par une augmentation du taux de cotisation sans toucher à la durée de quarante ans et en misant sur une « politique de l’emploi soutenue». Ce qui veut dire - on ne voit pas bien comment il pourrait en être autrement - augmentation des prélèvements obligatoires dans le secteur privé et augmentation des dépenses de l’État pour le secteur public. On peut débattre de ces choix, de la méthode de concertation, des façons différentes de mettre l’accent et de combiner les taux et la durée de cotisation. Mais, dans tous les cas, les choix proposés ne peuvent être crédibles que s’ils reconnaissent l’importance de la question démographique, prennent en compte la situation créée par le ralentissement de la croissance et le chômage de masse, et si les solutions sont à la hauteur du problème.
Dans les grèves et les manifestations, l’idée selon laquelle il