Revolution
Notre rêve est descendu dans la rue. Un rêve qui nous habitait, qui nous dévorait. Un rêve vécu comme une passion et, qui nous a emporté sur le chemin de la lutte, nous a mené aux sous-sols de la torture, à succomber sous les balles de la police et de l’armée, à disparaître, à choisir le chemin de l’exil et, parfois même, cheminer dans la désespérance. Mais, dans des sociétés écrasées sous le poids du monde, celui de la colonisation interne et la complicité occidentale, il nous restait la force du rêve. Un rêve vécu comme une puissance créatrice pour déplacer la réalité vers la demeure de l’imaginaire. Cette demeure de l’imaginaire ne nous a jamais quitté, nous les héritiers et les descendants d’une grande et longue histoire ; nous portons en nous, malgré la profondeur de la nuit arabe, l’intime conviction que le soleil qui a illuminé le monde pendant des siècles ne peut s’éteindre à jamais. Et d’un acte le plus désespérant et le plus politique à la fois, qu’est l’immolation de Bouazizi, dans lequel s’est constellé toute l’histoire contemporaine du monde arabe, les tréfonds du peuple tunisien se sont soulevés pour ébranler la dictature et allumer le flambeau de la dignité, de la liberté repris par le grand corps arabe qu’est l’Egypte, dans ces deux pays, l’occident et l’orient arabe trouvent ces deux capitales culturelles, les deux ont donné au monde arabe ce dont il rêvait depuis des décennies : sa révolution.
Notre rêve est descendu dans la rue. Le 14 janvier, ce fut la révolution, le 11 février nous célébrons sa consécration : la chute de Moubarek sonne le glas d’un monde et signe le retour des arabes sur la scène du