Rhinocéros
EUGENE IONESCO
1959
Pièce en trois actes et quatre tableaux

1 UNE ALLEGORIE
L’intrusion de l’insolite dans un monde familier, la prolifération, la métamorphose, le monstre : autant de thèmes qui appartiennent aux registres du fantastique et du merveilleux, mais que Ionesco met au service d’une parabole philosophique et politique. La « rhinocérisation » générale doit se lire comme une allégorie ; elle symbolise l’irrésistible ascension des dictatures du XXième siècle.
2 UNE CRITIQUE DU LANGAGE
Ionesco ne dénonce pas seulement le fanatisme politique, mais toutes les formes de conformisme intellectuel, philosophique et moral qui se trahissent par le langage : il parodie les « langues de bois », les clichés, les stéréotypes et les slogans. Mais le langage, le plus souvent ou dangereux dans l’œuvre de Ionesco, est ici pour la première fois mis en danger.
3 UNE FARCE TRAGIQUE
La pièce mélange systématiquement les genres et les registres : la farce, le burlesque, la satire laissent peu à peu la place à la force tragique du destin.
4 LE TRIOMPHE DE LA THEATRALITE
Le langage de Rhinocéros n’est pas seulement celui des mots, mais celui des signes : l’espace, les corps, les objets, les sons et les éclairages. Les effets scénographiques, chorégraphiques, polyphoniques, la violence du jeu physique, la prolifération des objets font de la pièce un grand spectacle.

ACTE I
Le coup de théâtre
Opposition entre le quotidien et l’insolite voire l’extraordinaire. La longue didascalie initiale st les premiers échanges mettent l’accent sur la banalité du lieu et la normalité de la situation, ce qui renforce l’effet du coup de théâtre : l’irruption brutale d’une autre réalité.
Le « fauve » est invisible pour les personnages comme pour le public, de sorte qu’on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une hallucination collective.
Un drame collectif
La place, lieu de rencontres et d’échanges, évoque l’espace traditionnel de la comédie classique. C’est aussi le lieu