Rien désolé
Le rideau se lève.
Le café est vide. On distingue les chaises sur les tables, le comptoir. On entend un bruit de bouteille, des pas dans la cave, on monte un escalier, un déclic, la lumière s’allume.
Le Patron (off). 300 000 kilomètres-seconde, c’est la vitesse de la lumière et je mets une heure à trouver le bouton !
Le patron apparaît derrière le comptoir, il traverse le café jusqu’à la porte d’entrée, jette un coup d’œil dehors, puis enlève tranquillement les chaises du dessus des tables et les met à leur place.
Un type rentre dans le café et va prendre sa place d’habitué au comptoir.
Le Type. Justement, toutes ces histoires de pognon dans le football, finalement c’est peut-être ça qui va donner aux jeunes l’envie de faire du sport.
Le patron continue d’installer les sièges.
Le Type. De toute façon même si tu peux acheter les joueurs, tu ne pourras jamais acheter le ballon… c’est un genre de sécurité.
Le Patron (derrière son comptoir). Le foot pourri ça donne souvent des plus beaux matchs que le foot honnête. (Il sert le type.) T’es bien rentré hier ?
Le Type (après avoir bu une première lampée).Je sais pas… tiens, je t’ai pas dit, j’ai un pigeon qui m’a pondu dans la parabole… Je t’ai pas dit ?
Le Patron. J’écoute pas tout…
Entre Venise, sous son imperméable on aperçoit une chemise avec un motif tropical.
Le Patron. Tiens un revenant.
Venise sort de son Caddy une natte qu’il tend au patron comme cadeau.
Venise. Les Antilles hors saison, t’as le même temps qu’à la campagne.
Le Type. Si chaque Français prend un bout de campagne chez lui, un arbre, une vache, une mare, eh bien la campagne elle est sauvée.
Venise. L’étranger, on sait pas trop quoi manger, sinon c’est bien…
Le Patron. Moi j’aime pas trop les pays où il n’y a pas de poignée aux portes.
Le Type. Le matin je me lave les dents du haut, le soir je me lave les dents du bas… J’aime pas le goût du dentifrice. ( Il dévisage Venise) ça y a été le rhum… t’as le nez