RIMBAUD

Ma bohème

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal :
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
— Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
— Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

Rimbaud, (1854-1891) influencé par Baudelaire, né dans le Nord à Charleville, qu’il a constamment détesté et où il s’ennuie. Sa mère est très sévère (beaucoup d’interdictions). Il a comme allié son professeur à 16 ans qui l’aide et le guide en temps que poète. En 1870, c’est la guerre, tout est fermé, il s’ennuie et fugue plusieurs fois, notamment en Juillet - Août : il prend le train jusqu’à Paris mais il s’y fait arrêté car il n’avait pas payé son billet, son professeur vient le chercher et le ramène à Charleville ; octobre 1870, il monte vers Bruxelles à pied avec l’intension d’entrer dans un journal pour y écrire articles et poèmes, il commence à se dégager de Baudelaire, c’est à ce moment-là qu’il écrit Ma Bohème. Il correspond avec des poètes de Paris comme T de Banville, sympathise avec Verlaine  remise en question de sa poésie (71-72) : poèmes en vers libres et prose (Illuminations). Après s’être fait tiré dessus par Verlaine quelques mois plus tard, en 1873, il le quitte, arrête complètement la poésie et part en Arabie. En avril 1891, il est rapatrié vers Marseille pour une blessure au genou, dont il est amputé en mai. Il meurt en novembre 1891.

Ma Bohème

Fugue : « les poings dans mes poches crevées » : il n’a pas d’argent, il avance à pied.
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