Rimbaud
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« Vingt ans », Arthur Rimbaud
Le poème sur lequel nous allons pencher notre analyse est issu du recueil rimbaldien « Illuminations » et est la troisième partie d’un ensemble de quatre poèmes regroupé sous le titre général de « Jeunesse ». Il s’intitule « Vingt ans », et ouvre les portes sur le passé de l’instance énonciatrice, qui est évoqué de façon nostalgique et vague au moyen de souvenirs tirés de l’enfance/adolescence, avec un contraste entre cette vie passée et enviée et le présent maussade et dénué d’intérêt.
Force est de constater le jeu de temporalité opposé entre le passé et le présent : « Les voix instructives exilées … L’ingénuité physique amèrement rassise… » font partie de la première partie de l’évocation de souvenirs. La périphrase « les voix instructives » remplace les précepteurs/professeurs afin de faire un rappel de la présence dominante dans son enfance, même si c’est plutôt un sentiment d’inimité qui perturbe suite à la présence d’ « exilées » qui évoque une idée de rejet et d’expulsion. Le terme « voix », qui a aussi une fonction synecdochique, remplace « les personnes » et a pour effet de donner une représentation peu précise de ce souvenir, le rendant presque insignifiant et dénué d’intérêt. Le nom « ingénuité » apporte cette même idée de jeunesse et d’enfance grâce à une métonymie. Celle-ci est renforcée par les connotations de naïveté, d’inexpérience et de crédulité allant de paire avec l’âge tendre et est mise en lien antithétique avec « physique », basé strictement sur l’aspect biologique et non plus mental. Cela afin de souligner le changement physique en raccord avec les changements psychiques. On constate également un parallélisme de construction avec « rassise » qui apporte une déception comme l’avait fait « exilées » avant. Cette déception est renforcée par l’adverbe « amèrement » qui confirme ce sentiment de tristesse et