Risque et principe de précaution
En 1935, au cours d'une conférence restée célèbre, Paul Valéry déclara que « Tout ce que nous savons, c'est à dire tout ce que nous pouvons, a fini par s’opposer à ce que nous sommes ». La phrase, reprise aujourd’hui prend tout son sens. En effet, la résonance d'un tel propos en ce début de XXIe siècle, où la technologie, le savoir et la connaissance humaine a finalement pu se retourner contre l'Homme, est tout à fait mesurable, les nombreux accidents industriels en sont une preuve. Il semblerait effectivement que du simple fait de sa présence et de son activité, l'Homme menacerait son environnement et donc se menacerait lui-même.
On peut y voir une rupture, ou tout du moins une faille dans sa prétention à rationaliser, à aménager le monde, prétention dont Descartes a souvent fait l’éloge. Mais on peut même interpréter cette situation comme étant une contradiction de la mission divine de l’Homme, celle que le Créateur lui impose en lui offrant la Terre : l’Homme en se l’appropriant aurait du pouvoir vivre sans danger en la travaillant, en la cultivant.
Or les risques n’ont jamais été aussi médiatisés, décriés, menaçant la place de l’Homme dans un environnement qu’il croyait s’être approprié. D’autant plus que l’action de l’Homme n’est pas innocente : depuis déjà le XIXème siècle est apparu un nouveau genre de risque : le risque technologique. On peut définir les risques comme étant un danger possible, probable et plus ou moins prévisible.
La croyance illimitée en la science (allant même jusqu’à des pratiques honteuses, au scientisme) et son développement, qui peut aujourd’hui sembler effréné et inarrêtable, a conduit l’Homme à se menacer lui-même. Alors que dans les sociétés pré-modernes, les risques provenaient majoritairement de problèmes liés au sous-développement comme les mauvais rendements agricoles pouvant, conjugués à des conditions météorologiques médiocres, entrainer des famines ou encore les conditions sanitaires