Rock
Bronislaw Malinowski et le cas de la Kula Trobriandaise.
Sur l’auteur :
Polonais d’origine, né sujet autrichien à Cracovie, converti à l’anthropologie par la lecture du Rameau d’or de Frazer, appelé par Seligman en Nouvelle-Guinée, il y est surpris par la première guerre mondiale. Il devient une sorte de « prisonnier d’honneur » et l’administration britannique n’empêche pas son travail aux îles Trobriand où il fait deux séjours en 1915-1916 et en 1918, à Boyova, principal îlot des Trobriand (environ 10000 habitants à l’époque, horticulteurs spécialement de l’igname), au Nord-Est de l’extrémité orientale de la Nouvelle-Guinée. C’est là qu’il découvre la kula.
Démarche de Malinowski :
Dans Les Argonautes du Pacifique occidental, pour la première fois, le social cesse de relever de l’anecdotique, de la curiosité exotique, de la description moralisante ou du recueil exhaustif érudit. Car, pour atteindre l’homme dans toutes ses dimensions, il faut se consacrer à l’observation de faits sociaux en apparences minuscules et anodins, dont la signification ne peut être trouvée que dans leurs positions respectives à l’intérieur d’une totalité plus vaste.
Ce texte fondamental explicite l’ « esprit » de la kula sciemment opposé à la naturelle propension au marchandage chère à Adam Smith. Il contient l’antiutilitarisme commun à Malinowski et Mauss, et l’enjeu que va documenter patiemment et étendre systématiquement l’essai sur le don.
La valeur des Argonautes tient à deux raisons : l’expérience de terrain et la rigueur littéraire. Avant Malinowski d’autres ethnologues se rendent dans le terrain, ce n’était pas le premier. Mais alors que les premiers enquêteurs séjournaient quelques mois ou quelques semaines en logeant chez le missionnaire voisin et en faisant interroger par un interprète des informateurs choisis au préalable, Malinowski va réaliser tout autre chose, c’est à dire il va séjourner deux ans auprès