Rodogune acte ii : analyse de cléopâtre
Cléopâtre
Serments fallacieux, salutaire contrainte,
Que m’imposa la force et qu’accepta ma crainte,
Heureux déguisements d’un immortel courroux,
Vains fantômes d’Etat, évanouissez-vous !
Si d’un péril pressant la terreur vous fit naître,
Avec ce péril même il vous faut disparaître,
Semblables à ces vœux dans l’orage formés,
Qu’efface un prompt oubli quand les flots sont calmés.
Et vous, qu’avec tant d’art cette feinte a voilée, recours des impuissants, haine dissimulée,
Digne vertu des rois, noble secret de cour,
Eclatez, il est temps, et voici notre jour.
Montrons-nous toutes deux, non plus comme sujettes,
Mais telle que je suis et telle que vous êtes.
Le Parthe est éloigné, nous pouvons tout oser :
Nous n’avons rien à craindre, et rien à déguiser ;
Je hais, je règne encor. Laissons d’illustres marques
En quittant, s’il le faut, ce haut rand des monarques ;
Faisons-en avec gloire un départ éclatant,
Et rendons-le funeste à celle qui l’attend.
C’est encor, c’est encor cette même ennemie
Qui cherchait ses honneurs dedans mon infamie,
Dont la haine à son tour croit me faire la loi,
Et régner par mon ordre et sur vous et sur moi.
Tu m’estimes bien lâche, imprudente rivale,
Si tu crois que mon cœur jusque-là se ravale,
Qu’il souffre qu’un hymen qu’on t’a promis en vain
Te mette la vengeance et mon sceptre à la main.
Vois jusqu’où m’emporta l’amour du diadème,
Vois quel sang il me coûte, et tremble pour toi-même :
Tremble, te dis-je ; et songe en dépit du traité,
Que pour t’en faire un don, je l’ai trop acheté.
(variante :
Je l’ai trop acheté pour t’en faire un présent ;
Crains tout ce qu’on peut craindre en te désabusant.)
Commentaire composé
L’acte I a présenté la situation initiale : Laonice, la confidente de Cléopâtre, vient en aide à Rodogune, qui est faite prisonnière ; un traité de paix a été décidé par l’union de celle-ci avec le fils ainé de la souveraine. Cléopâtre doit donc