Roman de l'absurde
Le roman de Kafka a suscité nombre de réflexions sur le thème de l'absurde. En effet, l'univers angoissant du roman, la situation paradoxale de Joseph K, innocent mais arrêté, sa mort, attendue mais inexpliquée, donnent une vision du monde et de la vie qui se rapprochent de celle d'Albert Camus et Meursault, le personnage principal de L'Étranger, n'est pas sans rappeler, par certaines de ses attitudes et des situations dans lesquelles il se trouve, Joseph K.
Loin de prétendre résoudre la question de l'absurde dans le roman, il nous semble intéressant de nous interroger sur cette lecture possible.
" On connaît l'histoire de ce fou qui pêchait dans une baignoire ; un médecin qui avait ses idées sur les traitements psychiatriques lui demandait : " si ça mordait" se vit répondre avec rigueur :
" mais non imbécile, puisque c'est une baignoire." [...] l'effet absurde est lié à un excès de logique. Le monde de Kafka est à la vérité un univers indicible où l'homme se donne le luxe torturant de pêcher dans une baignoire, sachant qu'il n'en sortira rien." ( Camus)
Le dictionnaire donne deux sens à l'adjectif " absurde" : selon qu'il s'agit du sens habituel, il signifie : contraire à la raison et au sans commun et propose comme synonyme déraisonnable, insensé, mais aussi extravagant, saugrenu, stupide ; selon qu'il désigne un sens philosophique il désigne l'existence comme ne paraissant pas justifiée par aucune fin dernière.
Les deux sens du terme sont appropriés pour parler du Procès. En effet, la situation à laquelle se trouve confronté J.K depuis le début du roman échappent à la raison, comme on le précise dans la suite de cette étude* et le problème du sens de l'existence est posé à travers le personnage de J.K Même si la philosophie de l'absurde, expliquée par Camus ( 1913-1960) dans son essai Le mythe de Sisyphe et illustrée par son roman L'Étranger, en 1942, c'est-à-dire bien après la mort de Kafka (