Rosemonde, guillaume apollinaire
La légèreté de ce poème paraît être le remède pour Apollinaire à la mélancolie de la fugacité. La rencontre d'une inconnue est ici sans lendemain ni regrets. Elle donne lieu à un bref échange sensuel qui se poursuit en une quête initiatique sans doute plus durable.
Le poème se présente comme le récit d'une anecdote autobiographique située à Amsterdam et racontée au passé simple pour mieux en marquer le caractère éphémère et révolu. La composition en 3 quintils d'octosyllabes correspond aux 3 temps de la rencontre.
L'image de la passante en premier lieu participe de cette fantaisie délibérée qu'Apollinaire veut donner à son poème. Le prénom choisi est équivoque et débouche sur le calembour final "la Rose du Monde". Apollinaire lui donne ce surnom en vertu d'un jeu de mots sur l'expression néerlandaise "roos mond" signifiant littéralement "bouche à la rose" ou "bouche fleurie. Cette synecdote de la dame est d'ailleurs l'unique élément du portrait de la passante. Passante très indéterminée car la seule expression nominale qui la désigne est "dame".
Comme souvent, Apollinaire mêle ses innovations formelles de réminiscences de la poésie traditionnelle. Sa Rosemonde n'est pas seulement un avatar de la passante. Elle rappelle le motif lyrique de la femme fleur et les valeurs symboliques de la rose.