Rosnay
Q : En biologie de synthèse y a-t-il des apprentis sorciers ?
R : Ce domaine est aussi nouveau que l'était au départ la chimie de synthèse: on était des apprentis sorciers, ça a conduit à des explosions, on a fabriqué du TNT. La chimie potentiellement était extrêmement dangereuse, mais elle est aussi porteuse de produits essentiels pour la société.
La biologie de synthèse peut présenter des avantages pour fabriquer des médicaments qu'on ne connaît pas encore, pour réaliser des greffes avec des cellules programmées pour avoir certaines propriétés. Mais en même temps, il peut y avoir des dérives. La vigilance s'impose.
Q : Qui sont les biohackers? Sont-ils plus dangereux que leurs aînés?
R : Les biohackers disposent de réseaux sociaux d'échange des kits de reprogrammation génétique qu'ils ont mis au point. C'est ce qu'on appelle la biologie 2.0, c'est open source (libre accès). On est rentré dans la même logique que les logiciels open source comme Linux.
Les biohackers sont devenus légitimes d'une certaine manière. Les deux grands groupements de ceux qu'on appelle encore les biohackers, DIYbio et le concours international iGEM, sont reconnus dans le monde comme deux lieux de créativité et d'innovation dans le domaine de la biologie de synthèse.
La plupart font partie d'une université, ils sont sous l'égide de professeurs qui surveillent leur travail. A moins qu'ils soient engagés par des entreprises voyous qui leur fassent faire des produits dangereux, illicites ou pour du bioterrorisme, au sein de leurs groupes DIYbio et iGEM, ils ne sont pas dangereux.
Cependant, comme ils sont beaucoup plus innovants et vont un peu dans toutes les directions, il peut y avoir des dérapages.
Q