Roubaud : dans cette ville que tu n'aimais pas. lecture analytique
J. Roubaud, « Dans cette ville que tu n'aimais pas »
a. L'enfermement.
. Caractère circulaire du poème, encore renforcé par le passage à l'imparfait qui inscrit l'enfermement dans la durée (là où le présent n'avait qu'une valeur ponctuelle).
Dans le même temps, le dernier vers fait de l'évocation un souvenir, autrement dit la mémoire s'inscrit dans l'espace de la ville (le souvenir est lié à la ville), et le poète ne peut dès lors s'en détacher (+ la ville enferme le souvenir, le contient).
. Dès lors, le « tu » est à reconsidérer : l'évocation du souvenir laisse supposer qu'il s'agit de Jacques Roubaud.
Ainsi, l'expression de la déambulation, « croisant et recroisant les rues » dessine l'image labyrinthique des rues de Paris auxquelles le poète ne peut échapper.
Si la déambulation est ainsi recherche des empreintes du passé (quête du souvenir), l'incapacité du poète à échapper à ces rues, « dont tu n'as jamais su te déruer » [+poids du néologisme], souligne son incapacité à fuir cet enfermement, et fait de la ville une ville prison.
Dans ce sens, l'absence de propositions principales souligne à quel point le mouvement est suspendu, inachevé, et ramène sans cesse à cette ville (lieu du passé), comme le prouve la fin du poème.
b. La douleur, l'absence douloureuse.
. Progression dans l'expression de la douleur :
Dès le premier vers, sentiment négatif souligné par le fait que le verbe « aimer » est frappé par la négation.
Douleur (dégoût) exprimée ensuite de manière violent, « que les compter te fait vomir », la cause étant ici encore ambiguë : dégoût de la ville / prise de cosncience du temps qui passe.
Expression insistante de la peur, en fin de premier quatrain, « Peur de ce que tu ne connais pas ! », mais aussi au début du deuxième quatrain, « Peur de tout ce que tu as vu ! » (du présent au passé), l'absence de pause renforçant l'expression qui débouchera finalement sur les « mutismes ».
. La fin du poème