Russie
La participation de la Russie à la Première Guerre mondiale fut le catalyseur du phénomène révolutionnaire. Au début du conflit, tous les partis, à l’exception d’un petit groupe de sociaux-démocrates, les bolcheviks, dirigés par Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine, étaient en faveur de la participation à la guerre. Le gouvernement reçut l’aide de comités de volontaires, qui comprenaient des représentants du monde des affaires et du monde ouvrier.
Mais contre une Allemagne puissante et fortement industrialisée, les structures économiques et industrielles de la Russie ne permirent au pays de soutenir un effort de guerre intense qu’au prix d’immenses sacrifices. Et bien que la main-d’œuvre russe fût quasi inépuisable, l’industrie se révéla incapable d’armer, d’équiper et d’approvisionner les quelque 15 millions d’hommes mobilisés. Les usines n’étaient ni assez nombreuses ni assez productives ; le réseau ferroviaire était nettement insuffisant. De plus, la mobilisation perturbait la production industrielle et agricole. Les vivres vinrent à manquer et le système de transport se désorganisa rapidement.
Les premières défaites sanctionnèrent ces lacunes (février 1915 : 100 000 prisonniers russes après la bataille des lacs de Mazurie). Dans les tranchées, dès 1915, les soldats avaient faim, ils manquaient bien souvent de chaussures ou de munitions quand ce n’était pas d’armes. Aussi, des mutineries éclatèrent dans l’armée. Les pertes russes furent plus importantes que celles subies par n’importe quelle armée au cours des précédentes guerres : 2 millions de tués, 4 millions de mutilés à la fin de 1916.
À l’arrière du front, les marchandises se faisaient rares et les prix augmentaient. Plus la guerre durait, plus la famine menaçait les grandes villes, provoquant des « émeutes de la faim ». Le mécontentement se répandit et le moral de l’armée, qui était déjà bien bas, fut complètement sapé par une nouvelle série de défaites pendant l’hiver