Victor Hugo, Ruy Blas (Acte I, scène 1) La scène d’exposition permet d’intéresser le spectateur à la mise en œuvre de l’action. Dans cette première scène de l’acte I, les didascalies sont particulièrement longues. Elles situent, pour le lecteur, l’action et les personnages, avant même la première réplique. Le spectateur, lui, est conditionné par le décor imposé. La scène est dominée par la présence de Don Salluste qui s’adresse à deux personnages visiblement inférieurs par leur costume : Gudiel paraît être un confident et Ruy Blas, un valet.
1. Les éléments d’une scène d’exposition Les didascalies initiales auxquelles s’ajoutent quelques indications au cours de la scène, précisent le décor et l’époque de la pièce. Le dialogue de Don Salluste avec Gudiel puis Ruy Blas est déterminant pour la mise en place de l’action. La pièce se déroule en Espagne et plus précisément « à Madrid », « dans le salon de Danaé dans le palais du roi ». Plusieurs indications soulignent la richesse du lieu « magnifique, dorés », les adjectifs « grande fenêtre, grande cloison, large, longue » évoquent un espace lié à la richesse ainsi que les vitrages « cloison vitrée, porte également vitrée » à une époque où le verre était un luxe. Toutes ces notations localisent l’action dans le milieu des nobles de la cour. Par là, la scène s’apparente à une action tragique avec des personnages proches du pouvoir royal. L’évocation de Philippe IV et de son fils Charles II placent l’action à la fin du XVIIe siècle. L’indication temporelle « le jour va naître » (v.2) précise le moment. Les didascalies initiales mettent l’accent sur Don Salluste par la description de ses vêtements caractérisés par la richesse « manteau de cour, velours, brodé d’or, satin, plumes », l’évocation de ses attributs « la Toison d’or, la grande coquille ». Gudiel est présenté « en noir » comme un homme de l’ombre. De son côté, Ruy Blas paraît un homme inférieur en « livrée » et « sans