Ruy blas dossier pedagogique
On dit souvent que Ruy Blas est le dernier succès du drame romantique et qu’il en constitue un exemple achevé. Ruy Blas, en effet, représente une forme aboutie des principales innovations qu’a apportées le drame romantique.
Un drame qui s’inscrit dans l’histoire
L’histoire occupe une large place dans le genre romantique. Sa fonction, comme le précise Hugo dans la Préface de Marie Tudor, est d’éduquer le public et de ressusciter un passé susceptible de faire comprendre le présent. Il s’agit donc d’aller bien au-delà d’un conflit de cour ou de diplomatie. Le dramaturge doit restituer toute une époque et le mouvement de toute une société pour faire comprendre le présent ou le passé proche. Avec cet objectif d’éducation, il est clair que l’on retrouve pas, dans le drame romantique, la même histoire que celle privilégiée dans la tragédie classique, histoire antique, voire légendaire.
Ruy Blas s’inscrit dans l’histoire de l’Espagne, vers 1695, à un moment qui voit la fin d’une dynastie royale et la décadence de la noblesse. Tout dans Ruy Blas exprime la défaire d’un royaume qui a été grand et ne l’est plus. L’absence du roi dit la vacuité du pouvoir ; l’ennui de la reine souligne l’immobilisme des valeurs et en quelque sorte l’arrêt du temps dans le palais ; les retours clandestins de don Salluste et de son cousin César défient les autorités policière et judiciaire de l’Etat, tout comme les incessants méfaits du bandit Matabolos ; quant au destin de Ruy Blas, un laquais devenant en six mois Premier ministre, il montre la tournure de farcesque que peut prendre l’accès aux plus hautes dignités dans un royaume en plein déclin. Mais ces stigmates de la décadence se lisent étroitement associé à ce qu’il reste des grandeurs passées. Ruy Blas, dans les trois premiers actes, laisse voir une société aristocratique et princière encadrée par de brillantes traditions et bénéficiant de très importantes