Ruy blas
Quoique présente dans un nombre restreint de scènes, la reine est un personnage essentiel de l'intrigue dans la mesure où elle est au cœur des préoccupations de bien des personnages. Elle se trouve au croisement de plusieurs passions : la passion amoureuse de Ruy Blas et de don Guritan et la passion vengeresse de Salluste. Par ce double sentiment amoureux qu'elle inspire, et la rivalité amoureuse funeste qui s'ensuit puisque les deux rivaux meurent pour elle, elle contribue à la complexification de l'intrigue.
Maria de Neubourg, une belle jeune femme qui a quitté son Allemagne natale et sa famille aimante pour épouser le roi d'Espagne Charles II, se sent à plus d'un titre étrangère à son palais. Ses propos nostalgiques, Acte III scène 1, témoignent de son « mal du pays » : « Que ne suis-je encor, moi qui crains tous ces grands/ Dans ma bonne Allemagne, avec mes bons parents ! »
Elle s'accommode mal de cette cour qui lui inspire de la crainte. Cette angoisse se cristallise tout particulièrement sur Don Salluste : « Ce marquis est pour moi comme le mauvais ange » « Cet homme redoutable » (acte II, sc. 1). Elle souffre de l'étiquette qui règne dans ce palais où elle se sent prisonnière, ce que résume parfaitement l'antithèse qui organise le vers 129 : « Aujourd'hui je suis reine. Autrefois j'étais libre. » Le tableau représentant une figure de sainte, « Santa Maria Esclava », mentionné dans le discours didascale au début de l'acte II, propose, en outre, une mise en abyme de la situation de cette reine.
Ce protocole pesant, qui restreint le moindre de ses gestes et de ses élans la réduit, à la fin de la sc. 1 de l'acte II, à envier le sort de ces lavandières dont elle entend le chant.
La reine s'ennuie donc, et ce d'autant plus qu'elle se sent délaissée par son époux qui préfère la chasse. Ce peu d'égard ne peut qu'accentuer alors son tempérament romanesque alors qu'elle est courtisée par un mystérieux inconnu à l'attitude