Ryu murakami
Les bébés de la consigne automatique
C'est à travers l'une de ses œuvres au titre énigmatique les plus glauques, mais considérée comme la plus aboutie par la critique, que Ryû Murakami nous montre les traits infâmes et détestables de la société moderne japonaise qui pourrait être tout aussi bien la nôtre. Que peut-il bien se cacher derrière un tel titre, suscitant chez la critique et le lecteur un tel engouement ? Revenons sur l’œuvre majeure de cet auteur décrivant les bas-fonds de la société nippone, qui lui a valu le succès dans les années 80.
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Quelques mots sur l’auteur
Ryū Murakami (龍 村上), de son vrai nom Ryūnosuke Murakami (龍之助 村上), né le 19 février 1952 à Sasebo (Préfecture de Nagasaki) est un célèbre écrivain et cinéaste japonais. A savoir, il n’a aucun lien de parenté avec Haruki Murakami, auteur talentueux de la même époque.
Il est reconnu comme l’un des chefs de file de la littérature moderne avec pas moins d’une trentaine de livres à son actif dont les plus célèbres sont son premier roman Bleu presque transparent (prix Akutagawa en 1976, vendu au Japon à un million d'exemplaires en six mois), qui retrace quelques jours de la vie d'un groupe d'adolescents, entre sexe, drogue et rock, Les bébés de la consigne automatique qui connut un succès retentissant dans les années 80 et encensé par la critique, Miso Soup (1997) ou encore Parasites (2000) qui narre l’histoire d’un jeune homme qui est en complète rupture avec école et famille et qui ne communiquent plus qu'à travers Internet, reflétant les problèmes de société actuelle (Internet qui isole, la technologie, la recherche de soi dans la mort de l’autre, la théorie du complot…) Hormis son roman autobiographique 1969, où il décrit avec humour et facilité le déroulement du Mai 68 japonais dans une ville moyenne flanquée d'une base américaine (Sasebo), l'œuvre de Murakami est extrêmement sombre et désespérée. Il cherche par son œuvre à analyser, à juger et à critiquer la société