Daniel Mesguish et Armand Delcampe procèdent tout deux à une mise en scène théâtrale du mythe de Don Juan. Nous allons étudier « la scène du pauvre » et essayer de comparer l’interprétation que chacun d’eux fait du texte de Molière.
Tout d’abord, nous allons étudier le statut du pauvre dans ces pièces.
Mesguish présente un pauvre à la démarche très lente, presque aristocratique. Il est très peu vêtu et porte une barbe fournie ce qui peut nous faire penser à la figure du Christ. Cette idée est renforcée lorsque Don Juan lui propose un Louis d’or et qu’il refuse malgré sa pauvreté, il sort victorieux. Par la suite, nous retrouvons encore cette allégorie (ou personnification) du Christ quand il montre le chemin à un Don Juan perdu physiquement et mentalement. A la fin de la scène, le pauvre s‘en va glorieux, laissant un Don Juan égaré . Ainsi ce personnage incarne une figure de bonté, de supériorité de cœur et d’esprit face à la tentation.
Au contraire, Delcampe a une vision plus péjorative du pauvre; celui-ci est présenté de façon très banale, il ne semble représenter aucune entité supérieure et moralisatrice, c’est donc un paysan commun et sans réel intérêt pour la pièce.
Maintenant que nous avons vu le statut du pauvre, nous pouvons nous intéresser à celui de Don Juan.
Dans l’interprétation de Mesguish, Don Juan incarne une figure de tentation, de diable essayant de corrompre les cœurs purs. Nous pouvons remarquer une autre référence religieuse; Adam et Ève. Le héros se place alors dans la position du serpent tentateur en tentant de donner le Louis d’or (la pomme) à l’innocent. Dans cette scène Don Juan porte une soutane, une collerette blanche et une croix autour du cou, nous pouvons alors penser à une ironie pointue de la part du metteur en scène à propos de l’ambiguïté de la tenue cléricale. Puis, C’est un Don Juan perdu que nous retrouvons, il semble demander son chemin au pauvre mais cela ressemble plus à un dilemme métaphysique intérieur, une recherche