Résumé : les essais de Montaigne
Ce n’est pas d'une manière suivie que Montaigne a écrit ses Essais. Le titre même du livre le prouve : essais, qu'est-ce à dire ? sinon tâtonnements, va-et-vient, retouches, absence de dessein et de but, impossibilité de classer et d'intituler. Rédaction des Essais Montaigne, une première fois, de 1571 à 1580, s'enferme dans son château. Il a le goût des livres. Il lit. Et comme il va de préférence aux moralistes et aux historiens, et qu'il ne lit point passivement, l'esprit critique s'éveille en lui ; il pense, et il juge.
Pour juger, il compare. Le terme de comparaison qui lui est nécessaire, il le prend en lui-même, en l'homme naturel qui est en lui. Montaigne s'engage donc insensiblement dans la rédaction de ses mémoires psychologiques, mais en « honnête homme qui ne se pique de rien », en causeur qui se défend de faire un livre. C'est ainsi que se formèrent, au jour le jour, les deux premiers livres des Essais (1580). Puis Montaigne, mûri par les voyages et par l'expérience, revient à ce qu'il a déjà écrit ; il le complète, il le fortifie, il le confirme, et il entrevoit d'autres sujets, d'autres chapitres. C'est l'édition en trois livres qui sort de cette seconde période de retraite (1588). Il reprend une troisième fois son ouvrage ; et, comme à l'approche de la vieillesse bien des choses apparaissent, auxquelles on n'avait pas songé, Montaigne ajoute encore, et prépare la nouvelle édition qu'il ne verra point (1595). Plus sceptique peut-être, mais surtout plus sage, il estime que l'on ne saurait trop prouver aux hommes la nécessité d'être modérés et tolérants. Aussi accumule-t-il les citations et les anecdotes, car il ne veut pas être cru sur parole, et il appuie ses réflexions du plus grand nombre possible de témoignages. Le but de Montaigne D'abord, dans la courte introduction qu'il adresse Au lecteur, Montaigne nous dit : « C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit dès