Résumé
Les questions liées à l’État et à ses rapports avec l’économie ont occupé une place importante dans les débats publics au cours des deux dernières décennies. Celles-ci ont été marquées par les désillusions nées de l’expérience de 1981 et par le renouveau des discours comme de pratiques libérales au milieu des années 80. A leur façon, les historiens ont enrichi la connaissance de cette question qui a fait l’objet de travaux importants, relayés ou impulsés pour certains d’entre eux par le Comité pour l’histoire économique et financière de la France. Cette explication permet de prendre la mesure de l’évolution de relations souvent tumultueuses entre État et économie et qui ont vu le pays passer d’un « ordre libéral » de 1900 à la situation actuelle où le libéralisme semble en position de force. Ce très rapide raccourci ne doit cependant pas être pris à la légère, l’histoire des relations entre Etat et économie ne s’est pas déroulée sur un mode linéaire. C'est pourquoi dans un premier temps les années 1900-1930 seront étudiées, puis l'aspect économique d'avant et après la seconde guerre mondiale jusqu'aux années 70.
De « l’ordre libéral » des années 1900 à la crise des années 30Composante importante du « modèle républicain » (auquel on ne saurait cependant le réduire) le libéralisme domine au début du xxe siècle les doctrines économiques et l’enseignement de l’économie politique. Il inspire les pratiques gouvernementales. L’état est ainsi « dénigré » aux dépens d’un marché alors « exalté ». Jugé incompétent en tant qu’entrepreneur par les libéraux, (le réseau des Chemins de Fer de l’Etat comme les PTT sont accusés), l’Etat les inquiète ; en effet, il connaît, en France et à l’étranger (notamment en Allemagne), un développement jugé d’autant plus préoccupant que l’étatisme est associé à une force politique montante, le socialisme, alors considéré comme son incarnation la plus inquiétante. Pour les libéraux français, il