UN POÈME MUSICAL, SUR LA MUSIQUE. Les perceptions auditives nous sont suggérées par les instruments de musique : viole, flûte, mandore, harpe dessinent un orchestre Renaissance ; le Magnificat évoque, lui, un chant religieux. Les sonorités du poème « appellent » elles-même la musique : douceur des sifflantes et des fricatives [s] et [f] tout au long du poème, persistance de la rime [an] dans les deux premiers quatrains, reprise en assonance dans les deux derniers : [ange] et [ance], continuité de la ligne mélodique, due au fait qu’une seule phrase compose le poème, coupée en deux par les deux points, et avec des effets de symétrie et de dissymétrie : Symétrie : phrase coupée en deux par les deux points, formant deux parties de huit octosyllabes. Autres éléments de symétrie : « à la fenêtre » / « à ce vitrage » ; « santal vieux », « livre vieux » / « vieux santal », « vieux livre » (reprise en chiasme nom/ adjectif). On peut aussi noter l’exacte symétrie des vers 4 et 8 : « jadis » + préposition + nom + conjonction de coordination + nom ; cela donne un effet de refrain, très musical. Et cela met en valeur le mot « jadis », qui suggère la nostalgie.Dissymétrie : les deux premières strophes constituent une phrase complète, dont la principale est « est la sainte pâle », dont dépendent deux participes présents : « recelant » et « étalant » (noter l’antithèse) ; les deux dernières ne contiennent plus que des subordonnées relatives, sans principale : « que frôle… qu’elle balance ». Le poème se présente donc comme un diptique, opposant passé et présent, image figée et mouvement, musique et silence. Enfin, douceur des diérèses, « vi-ole » au vers 3, et surtout, dans le dernier vers, musici-enne, qui met en valeur ce mot, clé du