Saire dans les regrets de du bellay
Introduction :
En juin 1553, Joachim Du Bellay arrive à Rome que les troupes de Charles Quint ont mise à sac vingt-six ans plus tôt ; il y accompagne comme intendant le cousin de son père, le cardinal Jean Du Bellay, auquel le roi Henri II vient de confier la mission de négocier avec le pape une alliance contre Charles Quint. Et c'est pendant ce séjour romain qu'il compose - outre des poèmes en latin - l'essentiel des Regrets, qu'il fait paraître en 1558, après son retour à Paris.
Les sonnets des Regrets disent la plainte d'un exilé à Rome - en même temps que la pérégrination (errance) de l'âme sur terre accompagne le thème du voyage ; mais l'élégie se double aussi d'une satire contre la cour pontificale.
Les regrets se nourrissent évidemment de références littéraires : dès le sonnet liminaire (initial) ("À son livre"), Du bellay se place sous l'invocation d'Ovide, dont il traduit plusieurs vers mot pour mot ; mais tandis que les Tristes gémissaient sur l'éloignement de Rome, les regrets renversent la perspective et font de la Ville éternelle « le bord incogneu d'un estrange rivage ». Au souvenir d'Ovide s'ajoute l'influence décisive de la satire horatienne (de l'auteur latin Horace) .
La satire vient moduler et contrecarrer le constat douloureux de l’élégie . Du Bellay force le trait pour évoquer la corruption de la société romaine, dénoncer les vices de la cour pontificale et l’hypocrisie des courtisans. Il utilise volontiers des infinitifs intemporels pour caricaturer les agissements des « vieux singes de cour » en une galerie de portraits qui soulignent la fausseté d’un lieu où il convient de « cacher sa pauvreté d’une brave apparence ».
Mais le recueil trouve aussi son originalité dans le mélange avec une dimension satirique. C’est le « doux-amer » mentionné par Du Bellay dans l’adresse à d’Avanson, mélange de plaisir et de peine, de création et de critique. On le retrouve aussi dans l’oxymore « douce