Elle était seule, sur ce quai de gare délaissé. Debout, une valise bleutée dans la main gauche, un mouchoir de l'autre. Elle attendait désespérément un train, ce dernier espoir de fuite, loin de son ancienne vie triste et banale. Elle désirait courir derrière ses rêves, les effleurer du bout des doigts pour enfin goûter au bonheur. Le vent s'engouffrait dans ses cheveux, laissant derrière eux une légère odeur de tabac mêlé au sucre. Les réverbères laissaient apparaître un visage d'ange, de grands yeux violets cernés de noir, et des lèvres roses, glacées. Pourtant, je ne désirais qu'une chose, y faire mouvoir les miennes aux siennes. J'attrapais sa douce main, comme pour vérifier si ekke était bien réelle, ici, devant moi. Son regard paniqué me fit perdre l'équilibre quelques secondes. Elle me rattrapa et enlaça ses doigts autour des miens telles deux tiges s'enroulant autour de la même branche. Une larme fragile coula le long de sa joue. Je l'essuyais délicatement, n'osant pas toucher cette peau sur fragile, de peur qu'elle s'en aille. Elle me souri. Elle s'approcha doucement, puis je sentis la fraîcheur et le goût sucré de ses lèvres. La caresse de ses mains autour de mon cou me fit frissonner. Je le pris par la main pour l'emporter loin d'ici, loin de tout. Un endroit où nous pourrions nous aimer sans retenue. Soudainement, son visage perdit sa beauté, elle partait. J'ouvris les yeux et me rendit compte qu'une nouvelle fois, l'ange irréel était venu hanter me