Salaam bombay
Un pareil événement n’avait pas de quoi surprendre dans une ville bâtie en bois, et où la plupart des maisons sont couvertes de chaume ou de paillote, et en effet il y est assez commun.
Selon leur habitude, les habitants ne faisaient rien pour combattre les progrès du feu : les Malgaches, comme presque tous les peuples africains ou de l’Orient, sont très superstitieux, et il ne leur vient pas à l’esprit de s’opposer à ce qu’ils regardent comme la manifestation d’un pouvoir supérieur. Ils n’ont d’autre pensée que de fuir pour se soustraire au fléau. À peine secouent-ils dans la direction du brasier quelques longues feuilles vertes de palmier ou les branches humides de l’arbre du voyageur. Mais si les tiges de cette dernière et précieuse plante contiennent une quantité d’eau capable de rendre la vigueur au pauvre pèlerin, épuisé de fatigue et de soif, cette quantité est tout à fait insuffisante pour éteindre un incendie. Aussi ceux qui se livrent à cette démonstration n’ont-ils d’autre but, en agitant leur goupillon vert, que de conjurer les mauvais esprits. Il faut croire que ce moyen est impuissant à les vaincre ou même à les apaiser car, habituellement, les flammes continuent leurs ravages, jusqu’à ce que quelque circonstance imprévue, un changement de vent, un orage qui éclate tout à coup, vienne y mettre fin.
Il en était, ce 11 octobre, comme dans les occasions du même genre ; le feu s’était déclaré dans une maison moitié bois, moitié briques crues, couverte de chaume, et le vent, très violent, l’avait propagé avec une telle rapidité que tout un quartier de la ville était menacé de destruction. Des flammes de toutes couleurs escaladaient les toits en pente rapide des