Salaka sanou
INTRODUCTION Les années quatre-vingt ont marqué un tournant dans la vie littéraire en Afrique. D’une part, les écrivains, loin de se confiner, dans le manichéisme « Blanc = mauvais et exploiteur, Noir = bon et exploité », ont décidé de regarder l’Afrique et ses réalités du fond des yeux, avec un détachement qui favorise l’analyse objective ; ainsi, une nouvelle race d’écrivains est née qui propose une autre image de l’Afrique et des Africains, englués dans leurs contradictions sociales, politiques, idéologiques, économiques, etc. D’autre part, la critique littéraire, ou du moins les études littéraires se sont reconverties pour se conformer à l’évolution thématique, scripturale et institutionnelle de la littérature en Afrique : de nouvelles préoccupations se sont exprimées, au regard de la réalité littéraire, donnant l’occasion d’intégrer de nouveaux concepts dans l’univers théorique. La littérature émergente fait partie de ces nouveaux concepts qui visent à coller au plus près des conditions de création littéraire. De plus en plus, les littératures émergentes se sont imposées aux analystes de la littérature africaine comme une donnée qui permet de mieux la cerner ; elles contribuent au renforcement de la critique littéraire africaine qui, pour comprendre l’œuvre littéraire, peut aussi interroger l’horizon idéologique de l’époque de l’œuvre, ses grands courants de pensée et leurs influences sur l’écrivain et son œuvre. Ici, critique littéraire et histoire littéraire se rejoignent pour cheminer un moment ensemble. Qu’est-ce qu’une littérature émergente ? Jean-Marie Grassin nous situe sur l’histoire de ce concept : « Émergence has been emerging. This concept has been growing as the main transformative factor of the evolution of the literary landscape hardly attested to in the criticism of sixties, its use became more frequent at the end of the seventies and is now widely used in the