salam alaykom
Dans la préface de l'édition de 1831, Balzac expose une esthétique réaliste, selon laquelle le roman doit être un miroir de la réalité : « L'art littéraire ayant pour objet de reproduire la nature par la pensée est le plus compliqué de tous les arts. [...] L'écrivain doit être familiarisé avec tous les effets, toutes les natures. Il est obligé d'avoir en lui je ne sais quel miroir concentrique où, suivant sa fantaisie, l'univers vient se réfléchir14. » Mais il ajoute peu après :
« Il se passe chez les écrivains réellement philosophes un phénomène moral, inexplicable, inouï, dont la science peut difficilement rendre compte. C'est une sorte de seconde vue qui leur permet de deviner la vérité dans toutes les situations possibles ; ou mieux encore, je ne sais quelle puissance qui les transporte là où ils doivent, où ils veulent être. Ils inventent le vrai par analogie15. »
Ce serait donc une erreur de ne voir dans ce livre que du réalisme, au sens étroit du terme :
« Dans Les Martyrs ignorés16, Balzac semble, par la maladie de poitrine (déjà évoquée dans Le Lys dans la vallée à propos du fils de Madame de Mortsauf17), avoir voulu réduire le destin fantastique du personnage de Raphaël à une simple mort par tuberculose, comme il le faisait déjà partiellement dans La Peau de chagrin. Pour faire rentrer Raphaël dans La Comédie humaine, sans doute fallait-il rendre le personnage à un monde plus réaliste. Balzac n'y est jamais parvenu (...). S'obstiner à ne voir en Balzac qu'un auteur réaliste et s'indigner du fantastique dans ce roman serait faire une grave erreur de perspective historique et