Salle de consommation : faire la guerre à la drogue, ce n'est pas faire la guerre aux drogués !
Salle de consommation : Faire la guerre à la drogue, ce n'est pas faire la guerre aux drogués !
Par Bernard BERTRAND*, Expert sur la question des SCMR. Membre du collectif associatif du 19 mai
Ces dernières semaines, on a vu beaucoup de réactions sur le sujet des salles de « shoot » (1). Ces réactions souvent fantasmagoriques, bien tranchées et assez simplistes, nous parlent de morale, de philosophie, d'intérêt général, d'inutilité et surtout expliquent ce qu’il convient de faire ou pas faire pour les toxicomanes ! Dire que les Salles de Consommation à Moindre Risque – SCMR - entretiennent la consommation de drogues car c’est bien de cela qu’il s’agit dans tous ces propos, c’est remettre en cause la politique de réduction des risques menée par la France depuis les années 90 alors que les résultats plus que positif ne sont plus à démontrer. Les SCMR font partie intégrante de cette politique, pragmatique qui vise à minimiser les dommages sanitaires et sociaux, alors même que les personnes sont encore dans une phase de consommation. En France et ailleurs dans le monde, il existe d’autres offres qui s’inscrivent dans ce cadre : on peut mentionner la possibilité de manger gratuitement, de se laver, de dormir pour une somme modique, etc. Ces mesures s’adressent à toute personne toxico-dépendante ou non - qui se trouve dans une situation de grande précarité. Ces offres font partie des mesures traditionnelles que propose un pays pour venir en aide aux plus démunis et ne sont pas contestées. La question des SCMR est plus délicate, car elle s’adresse spécifiquement à des consommateurs de drogues et, c’est là que le bât blesse, car soutenir l’ouverture de SCMR demande l’acceptation, dans notre société de l’existence de personnes qui consomment des drogues. Cela demande également d’accepter, dans l’immédiat, notre impuissance à « aider » et à « guérir », ainsi que notre colère devant cette souffrance visible. Une politique basé uniquement sur le sevrage