Samuel beckett
Il fait des études brillantes, devient lecteur à l'Ecole normale supérieure de Paris, assistant de français au Trinity College de Dublin et finit par abandonner la profession d'enseignant. Commencent alors des années de migration et de pèlerinage qui le font se fixer finalement à Paris et vivre de son travail d'écrivain; vivre tant bien que mal, puisque sa gloire ne remonte qu'aux années 50.
Il est auteur bilingue dans le vrai sens du terme: ses premiers livres et ses textes récents sont en anglais, le reste de son œuvre a été directement écrit en français, et Beckett a fait lui-même les traductions d'une langue à l'autre; il a ainsi connu tous les problèmes que posent la langue. Ils seront à la base d'une philosophie, la langue seule nous permettant de nous connaître, la langue, système défaillant de signes. |
Ses premiers écrits mettent en évidence Belacqua, figure prise chez Dante, qui a accepté d'attendre de pouvoir entrer au Purgatoire; chez Beckett il est "embourbé" dans l'indolence. Héros passif, dégoûté de la condition d'être et d'être-là, il incarne un des aspects, un des pôles situationnels des figures beckettiennes, comme Murphy qui préfère se tenir dans la position de Balacqua, la position embryonnaire, cette position qui représente le mieux l'état idéal de l'être, l'état de foetus dans le ventre maternel: l'être y est logé, nourri, protégé. Il est hors d'atteinte, le corps y a une position de calme et d'attente. Cette position hante l’œuvre de Beckett (Belacqua, Murphy, Estragon, l'enfant dans "Fin de Partie", A et B dans "Acte sans paroles II", O dans "Film", le quatrième groupe dans le "Dépeupleur", Henry dans "Cendres", le narrateur dans "Comment c'est", les corps dans les textes ultimes de Beckett).
L'autre pôle est formé par les éternels migrateurs, ceux qui sont et se savent