Sans papiers
Introduction
Depuis les années 1980, les migrations internationales sont entrées dans la mondialisation : dans le monde, on compte au milieu des années 2000 près de 200 millions de personnes ne vivant pas dans leur pays d'origine, soit environ 3 p. 100 de la population totale. Toutes les régions sont concernées, soit par l'émigration, soit par l'immigration, soit par les deux à la fois. La diversification des profils de migrants caractérise tous les flux ; la mobilité des hommes défie les États et les frontières par la force des réseaux transnationaux. Une économie du passage est apparue, à la mesure des contrôles à l'entrée ; la généralisation de la détention de passeports dans des régions du monde où il était difficile de s'en procurer a fait émerger un droit à la mobilité, souvent entravé par le développement des visas, la demande d'asile a explosé, du fait de crises politiques, mais aussi économiques, culturelles et environnementales survenues sur tous les continents.
Quelques grands pays d'immigration, qui définissent aujourd'hui leur identité par rapport à celle-ci, comme les États-Unis, le Canada, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande ont très tôt adopté des politiques d'ouverture et de fermeture des frontières en fonction des besoins du marché du travail et de critères de peuplement. D'autres au contraire, comme les pays européens, qui ne se sont découverts que tardivement comme tels, et appliquent depuis les années 1970 un régime de suspension des migrations de travailleurs salariés, cherchent à sortir de la fermeture pour des raisons économiques et démographiques, tout en hésitant sur les méthodes. Le décalage est donc multiple : entre la réalité des flux qui se poursuivent, de façon lente et continue, notamment vers l'Europe, et le discours sécuritaire sur le contrôle et la lutte contre l'immigration clandestine ; entre l'européanisation des politiques d'immigration et d'asile, devenue objet de politique