Sans pardon
Je n'ai pas même besoin de fermer les yeux dans ces moments là pour me sentir glisser avec les ans quelque part dans un interminable couloir . j'y vis dans un lit de métal avec mon fauteuil à ma gauche et une petite table. Je suis dans l'indifférence de mes voisins , dans cette salle commune, ils se résument à des corps allongés ou assis qui reçoivent ou non des visiteurs.
Je suis seul mais sans angoisse. Ma femme dort dans son jardin de pierre; mes enfants ne viennent plus écouter mon souffle. Un jour, je réchaufferai une dernière fois mes os, avant que mon fils ne verse les cendres au bord d'un chemin et les regarde danser un instant dans le vent. Infidèle.
De mon fauteuil, j'arrive encore à entrebâiller ma fenêtre et je suis ainsi placé que je puis sentir par bouffées, l'odeur fade du formol qui s'échappe de la morgue.
De temps à autre ,je lève les yeux vers le premier étage. Il y a là des chambres doubles pour des vieillards encore un peu valides dont je suis les pas puis les ombres.
Dans la chambre haute la plus proche de moi, je puis voir que l'un deux est déjà alité. J'attends. Je sais qu'un jour celui là mourra et pendant que le personnel lavera le corps et bourrera ses orifices de coton; son voisin ivre de douleur et d'angoisse se détournera vers la fenêtre .
Il y croisera l'invitation de mon regard de pierre et rassemblant ses dernières forces, il sautera et son corps restera sans vie sur les dalles.
J'attendrai de